Qui a croisé Alain Moueix sait que ses vins lui ressemblent. Au château Mazeyres comme à Fonroque, Gran Cru Classé de Saint-Emilion, il signe des vins davantage portés sur la retenue, la longueur et l'élégance que sur la puissance et l'exubérance. Les terroirs de Mazeyres s'y prêtent volontiers.
Troisième plus vaste propriété de Pomerol avec 25,5 hectares, Mazeyres se déploie sur trois types de terroirs distincts, à l'ouest et au sud de l'appellation : des graves fines avec un peu d'argile, qui donnent des vins fins et linéaires : au sud, des sables et des argiles, qui donnent des vins charnus et ronds ; en bas du plateau, des sols argileux, qui donnent des vins plus serrés et tanniques.
Composant avec cette mosaïque et avec 73 % de Merlot, une part grandissante de Cabernet Franc et un Petit Verdot qui vient apporter une signature singulière (même en petite quantité).
Jusqu'à la fin des années 1980, le vignoble dépassait tout juste les 8 hectares. C'est avec son rachat par la Caisse de Retraite de la Société Générale et l'arrivée en 1992 d'Alain Moueix aux commandes que Mazeyres va entamer son nouvel essor. Un quart de siècle plus tard, le travail a porté ses fruits.
Cédé en 2010 à Sogecap, la branche assurance vie de la Société Générale, le château est dirigé "comme une propriété familiale", ce qui permet à Alain Moueix d'aller au bout de ses convictions : pour le bio - essais dès 2010, conversion finalisée en 2015 - et pour la biodynamie - premier millésime certifié en 2018.
Une voie qui, pour le directeur, apporte "plus de fraîcheur, de relief et de vie au vin".
La philosophie du vigneron
Aller avec la Nature et non pas contre elle est le principe premier d'Alain Moueix. Il introduit la biodynamie à Mazeyres en 2010 pour que l'équipe puisse appréhender cette nouvelle approche. Laisser l'évidence naître d'elle-même est important. On peut parler de pédagogie par l'exemple. La démarche collective est ainsi plus authentique. On retrouve dès lors de la singularité, de la pureté dans les vins. Ils sont plus vibrants, vivants et leur fraîcheur procure des émotions que l'on aime donner en partage.
Pour Alain Moueix, le choix de la biodynamie n'est pas une fin mais un moyen : le moyen d'aller plus loin dans la recherche d'harmonie qui est la trame directrice de sa philosophie. Harmonie au vignoble, à la vinification, à l'assemblage. Harmonie du fruit, des tanins, du bois. Tout doit être intégré dans une quête d'unité, à laquelle la biodynamie participe. Tout en conservant ce qui fait l'identité de Pomerol, texture veloutée, arômes de violette, évolution vers la truffe.
Alain Moueix veut aller toujours plus loin dans la recherche d'équilibre, de verticalité et de tension, sans compromis sur la finesse.